Le Rebirth


La technique du « Rebirth » que Sokolov préfère appeler « Technique du souffle originel », en référence au Taoïsme, cherche à atteindre l'expérience respiratoire de la naissance (les Taoïstes parlent même de respiration embryonnaire). On a démontré que le fœtus exécute des mouvements respiratoires à partir du troisième mois de grossesse pendant les phases de sommeil agité. Il s'agît de mouvements très faibles en raison des résistances du milieu aquatique (moins d'un centimètre cube de liquide déplacé à chaque cycle). Par ailleurs, la composition du sang fœtal au point de vue oxygène est inférieure à celle du nouveau-né.

De même que Jacobson obtient la détente musculaire après avoir demandé de se contracter, de même, le Rebirth obtient la respiration « naturelle » après avoir exigé une respiration de stress. 

En effet, il s'agit de respirer par le haut du thorax, très fort et très vite, en se préoccupant essentiellement de l'inspiration. On doit avoir la bouche ouverte. 

Ce type de respiration entraîne, chez presque tous les sujets, une crise spasmophilique lorsqu'une alcalose assez intense est obtenue dans le sang artériel (il y a alors diminution du calcium plasmatique ionisé, altération des phénomènes électriques au niveau des cellules par fuite du potassium vers l'extérieur, diminution de la quantité de sang parvenant au cerveau et diminution de son volume). On observe souvent une diminution de la tension artérielle et une accélération du pouls ; il peut survenir des bourdonnements ou des sifflements d'oreille, des impressions visuelles de brouillards, des sensations de picotements, fourmillements, crampes, etc. Les crampes sont très probablement dues au contraste de l'alcalose sanguine avec une acidose relative du muscle ; c'est dire que les zones les premières et les plus touchées sont celles d'acidité relative plus grande, c'est-à-dire celles qui contractées de manière chronique tout en étant mal irriguées par le sang (contraction simultanée des vaisseaux) étaient les mieux pourvues en acide lactique. Le but de l'opération ne réside bien sûr pas dans ces phénomènes désagréables. Ainsi s'opère une prise de conscience instantanée des « zones à problèmes ». 

Peuvent apparaître alors divers phénomènes émotionnels de type souvent extrêmement archaïque, comme des colères de nourrisson, des cris, des larmes, des mouvements de succion des lèvres, un sommeil impérieux, certains états plus ou moins stuporeux, des phénomènes hallucinatoires ou hallucinosiques, etc. Plusieurs fois, j'ai pu reconnaître l'explosion « primale » telle que la décrit A. Janov, avec posture de flexion soudaine suivie d'un cri indescriptible déchirant. Certains sujets revivent, notamment au niveau des sensations de la peau et des muscles, de la respiration, des cris, ce qui apparaît comme une « nouvelle naissance », ou plutôt la reviviscence de leur naissance. Certains auteurs ont fait l’hypothèse que la douleur subie par le nouveau-né lors d’un accouchement compliqué pourrait favoriser les suicides « violents » à l’âge adulte ; le suicidant tendrait à recréer inconsciemment le vécu traumatique de leur naissance. 

Après le dépassement de ce vécu archaïque, on laisse la respiration trouver son rythme naturel. Elle prend des caractéristiques très particulières (lente, avec un son très doux) et s'accompagne d'impressions souvent intenses de bonheur, de joie, de paix, de détente, de lumière, d'abolition du temps, etc. Toutes choses proches des états autogènes avancés ou des états mystiques.

Le déroulement d'une séance retrouve parfois la description de la grande crise d'hystérie telle que la décrivait Charcot: période épileptoïde comportant une phase tonique, une phase clonique, période des contorsions « clownesques », période de transe avec attitudes passionnelles. 

S'il est vrai, comme l'expérience tend à le faire croire, que la technique du Rebirth est utile, curatrice de certains troubles, il faudrait en conclure que la crise d'hystérie est une tentative spontanée d'un organisme en difficulté vers sa propre guérison.

Chaque séance de Rebirth dure entre une heure et quatre heures (parfois davantage). Il suffirait de quelques séances (une dizaine) pour obtenir de très importants effets thérapeutiques sur certains troubles respiratoires, allergiques, psycho-fonctionnels. Les sujets spasmophiles verraient leur état s'amender, les déprimés (voire les mélancoliques) retrouveraient un optimisme et un entrain surprenants. Dans l'état actuel des observations, il n'est pas conseillé de pratiquer cette technique si on a fait des expériences d'hallucinations ou de délire spontané, ou très mal supporté des toxiques provoquant de tels phénomènes (alcool, marijuana, L.S.D., etc.).

Léonard Orr suppose que l'hyperventilation n'est qu'une étape du processus, étape répondant à toute une vie d'hypoventilation. Sondra Ray déclare :

« après avoir observé dix mille personnes passer au travers de l'expérience de l'hyperventilation, nous pouvons conclure que les seuls prérequis nécessaires à la réussite sont le calme, la sécurité et l'encouragement pendant l'expérience. »

Léonard Orr a fait évoluer sa technique en proposant, sous l'influence du yoga, un procédé plus doux :

Il s'agit d'un cycle respiratoire continu, sans interruption ni arrêt d'aucune sorte, comparé à une roue qui tourne harmonieusement.

Il n'y a aucune pause entre inspiration et expiration pas plus qu'entre expiration et inspiration

L'expiration est détendue, jamais contrôlée, l'air entre et sort par le même orifice : si on inspire par le nez c'est par le nez qu'on expulsera l'air; de même pour la bouche. On peut rapprocher cette respiration de celle issue du TAO

Comme nous l'avons dit, on peut comparer ce cycle respiratoire, à une roue qui tourne harmonieusement et sans à-coups. Pour cette raison, on a parlé des "respiration circulaire".

Elle se distingue pourtant nettement de la "respiration circulaire" qui consiste à souffler en permanence par la bouche, même pendant l'inspiration (qui se fait alors par le nez) afin de jouer sans interruption d'un instrument à vent : Didjeridu, Saxophone, Flute, Tuba, Harmonica, Trompette, Launeddas, Hautbois, Gyaling, Clarinette, Arghoul, Doudoug, Trompes de l'Himalaya, etc.

On distingue actuellement trois types de cycle, à utiliser en fonction de ce qui arrive pendant la séance inspiration lente et profonde pour favoriser la concentration, passer d'un état à un autre inspiration rapide et superficielle pour favoriser la catharsis, inspiration rapide et profonde pour éviter de fuir l'expérience dans le sommeil ou des états analogues. 

La respiration du bas des poumons a montré son intérêt à côté de celle, conseillée au départ, qui devait se centrer sur le haut du thorax. Les effets sont alors moins spectaculaires mais, bien souvent, tout aussi thérapeutiques. 

Dans tous les cas, il est utile d'insister sur la continuité, l'absence de coupure ou de saccades. Lorsque l'inspir démarre, il est très faible en volume puis augmente jusqu'à un maximum, situé au milieu du temps consacré à cet inspir. Au delè de ce point, la quantité d'air inspirée se met à décroitre, jusqu'à un point où elle devient nulle pour laisser la place à la phase d'expir : ici encore, l'air mobilisé est d'abord très minime, augmente jusqu'à un maximum en milieu de période, pour s'étioler jusqu'à atteindre à nouveau un volume nul pour amorcer une nouvelle phase d'inspir.

La respiration circulaire du rebirth

Etapes typiques d'une séance de rebirth accompagnée
  1. Allongez vous de manière confortable, sans trop de bruit ni trop de lumière, les yeux fermés, les habits légers, ou desserrés
  2. Prenez simplement conscience de votre respiration, telle qu'elle se fait spontanément, sans la contrôler ni la modifier
  3. Mettez vous à respirer par la bouche uniquement, aussi bien pour prendre l'air que pour le laisser partir, malgré la sensation de sécheresse qui va probable ment s'installer.
  4. Prenez soin de diminuer et même de supprimer les pauses respiratoires entre inspiration et expiration et aussi entre expiration et inspiration
  5. Faites en sorte de passer aussi souplement que possible de l'inspir à l'expir et de l'expir à l'inspir; vous pouvez vous aider de l'image de la roue d'un moulin à eau qui tourne paisiblement dans le courant d'une petite rivière.
  6. Respirez par le haut du thorax (non par le ventre)
  7. Insistez sur la phase d'inspiration, la phase d'expiration sera plutôt passive
  8. Accélérez sans violence ni heurts votre rythme respiratoire
  9. Mettez y toute votre énergie, très vite, très ample, très fort
  10. Encore et encore et encore, de toutes vos forces
  11. Si un endroit est tendu, crispé, tétanisé, douloureux ou fourmillant, imaginez que l'air entre et sort par cet endroit
  12. Si des mouvements surviennent, si des cris ou des larmes, du rire ou de la colère veulent sortir, ne vous retenez pas.
  13. Lorsque le temps prévu est passé, abandonnez toute action volontaire
  14. Laissez votre corps respirer ou non selon sa spontanéité,
  15. Contentez vous d'observer tranquillement les sensations agréables ou non en provenance de votre corps.
  16. Reprenez tout doucement mouvement.
  17. Reposez vous un bon moment, surtout si vous devez prendre un véhicule et aller dans la circulation.




Une de mes patientes m'a enseigné la respiration alterne haut-bas qu'elle a spontanément créée et qui est très intéressante du point de vue de la sérénité qu'elle peut induire :

                                                            La respiration alterne haut-bas

Source :
http://auriol.free.fr/yogathera/relaxation/rebirth.htm

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